La plupart des logiciels
de recherche documentaire offrent la possibilité d'indiquer le genre littéraire
du document. Pourtant, ce champ est souvent délaissé, et quand il est
utilisé, il arrive parfois que l'on y retrouve genres, formes et sujets,
des concepts qui devraient être parfaitement distincts.
La notion de genre est souvent confuse et il est fréquent de retrouver
les œuvres d'un (grand) auteur, au sein d'une même bibliothèque ou d'une
même collection dans le fantastique, la science-fiction, le merveilleux
et éventuellement le roman d'aventure : c'est fréquemment le cas pour
Bilbo le Hobbit et Le seigneur des anneaux de John Ronald
Reuel Tolkien. Les limites entre les genres ne sont pas toujours bien
établies, chaque spécialiste (critique, chercheur ou éditeur) rattachant
les œuvres reconnues à son domaine de prédilection.
Il est difficile de trouver un terrain d'entente entre les écoles, les
tendances, les collections, les analyses des spécialistes. D'autant plus
que certains livres peuvent se glisser dans l'une ou l'autre de ces catégories
parce qu'ils appartiennent à plusieurs genres, ou parce que leur renommée
en fait de précieuses illustrations des genres en question. Il est souhaitable
d'établir une définition stricte, qui permette de ranger les œuvres de
fiction dans de grandes rubriques : celles qui permettront à l'élève de
passer de la collection Chair de poule et des romans d'Enyd Blyton au
chef d'œuvre. Naturellement, certaines histoires glisseront sans peine
d'un genre à l'autre, puisque nous n'en aurons pas toujours la même perception,
mais c'est sans doute là l'illustration de la diversité de la fiction.
Cependant, la notion
de genre littéraire est couramment admise, même si certains linguistes
lui préfèrent les pôles du langage définis par Jakobson (fonctions expressive,
conative, référentielle, phatique, métatextuelle et poétique) :
"Les genres recoupent des ensembles de textes qui se réfèrent à des modèles
théoriques ou pratiques, contenant des règles, des lois, des conventions
plus ou moins fixes, revendiquées comme dénominateurs communs de ces ensembles.
Pour qu'il y ait genre à proprement parler, il faut que l'auteur et le
spectateur, ou le lecteur, connaissent les caractéristiques majeures du
code qui détermine le genre.
(...)
Chaque œuvre renvoyant autant à une tradition qu'à une série de textes
déjà produits, on constatera alors un phénomène d'intégration formelle,
le plus souvent nommé intertextualité. D'où l'immense difficulté
à parler du genre quel qu'il soit, tant les classifications se croisent,
tant les combinaisons se multiplient : un récit peut être un roman,
un récit peut être poétique, il peut y avoir récit
(en prose ou en vers) au sein d'une pièce de théâtre, un poème
épique peut être un récit et faire partie du genre narratif,
comme une épopée est d'abord un poème versifié, etc." (Biet,
Christian, Brighelli, Jean-Paul, Rispail, Jean-Luc . - Guide des auteurs,
de la critique, des genres et des mouvements : index des quatre tomes
de la collection "Textes et contextes" . - Magnard, 1984 . - p. 42.)
Les définitions des genres ne sont pas toujours bien connues des lecteurs,
comme le faisait remarquer K. Vietör, dans un article publié dans les
années 30 : " le concept de genre n'a pas un emploi aussi unifié qu'il
le faudrait pour qu'on progresse enfin sur ce terrain difficile. Ainsi,
l'on parle de l'épopée, de la poésie lyrique et du drame comme des trois
grands genres, et, en même temps, la nouvelle, la comédie et l'ode sont
aussi appelées des genres. Un seul concept doit donc embrasser deux sortes
de choses différentes. Mais, si l'on veut être clair et conséquent, il
faudra bien limiter la dénomination à l'un des deux. Par suite si l'on
doit appeler " genre " la poésie lyrique prise comme un tout, on devrait
nommer l'élégie, l'hymne, le sonnet, la chanson, l'ode, etc., des espèces…
"
Les genres sont généralement
liés à des formes et l'on parle plus couramment du roman policier que
du policier, du roman d'aventures, que de l'aventure… il est pourtant
nécessaire de séparer genres et formes. On peut en effet avoir des nouvelles
policières, des bandes dessinées policières ou des romans policiers ;
inutile alors de créer des sous-rubriques liées à la forme dans lesquelles
on pourrait retrouver : nouvelles, nouvelles fantastiques, nouvelles policières,
nouvelles de science-fiction, romans fantastiques, romans policiers… La
plupart des logiciels permettent de créer deux rubriques, l'une pour la
forme et l'autre pour le genre. On multiplie ainsi les possibilités d'associations
tout en conservant deux listes très courtes, plutôt qu'une liste interminable
si l'on veut être exhaustif.
Il est de loin
préférable de constituer deux rubriques : forme = roman, nouvelle,
bande dessinée… et genre = policier, science-fiction, fantastique…
entre lesquelles l'ordinateur pourra facilement créer des liens bien plus
complexes en combinant des opérateurs booléens et mathématiques.
En conséquence, il
importe de constituer un ensemble des genres couramment admis dans le
monde du livre de jeunesse. Certaines catégories ne sont pas des genres
à proprement parler, cependant il peut être intéressant de les lier aux
genres reconnus, d'un point de vue structurel. On expliquera dans
le détail ce que chaque genre peut et devrait contenir, quelles œuvres
peuvent lui appartenir, et quel intérêt il y a à le conserver dans une
bibliothèque pour la jeunesse. Si, dès lors, le terme genre ne convenait
pas, il serait possible d'en modifier l'intitulé, dans Superdoc et BCDI.
Propositions de genres, par ordre alphabétique : aventure,
fantastique, historique,
humour, merveilleux,
policier, science-fiction,
(ou SF si le champ n'est pas assez long) sentiments
(sentimental) , vécu .

aventure, fantastique, historique,
humour, merveilleux,
policier, science-fiction,
sentiments (sentimental), vécu
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